• 100 000 Canards par un doux soir d'orage

    100  000 Canards par un doux soir d'orage

     

    Titre : 100 000 canards

     Auteur : Thomas Carreras

    Edition : Sabarcane

    Page : 300 

     

     

    natidaephobia (n.f) : Peur panique à l'idée d'être observé, où que l'on se trouve, par un ou des canards.

    Quand Ginger, globe-trotteuse américaine de 19 ans, débarque à Merrywaters - le bled le plus paumé d'Angleterre - pour participer à un festival de musique, elle est loin de se douter que les canards seront aussi nombreux dans le coin. Ni qu'ils commenceront à l'espionner.

     

    Ni qu'ils représenteront, peut-être, un danger mortel.

    LA SUITE ?

    AH NON, C'EST TOUT, ON NE VOUS DIS PLUS RIEN !

    Sachez seulement qu'aucun canard n'a été blessé pendant l'écriture de ce livre.

     

    Avis :  

    Je tiens, au cas où certains volatiles seraient en train de m'observer en ce moment même, qu'aucun canard n'a été blessé au cours de ma lecture de 100 000 canards par un doux soir d'orage. Non parce que, si vous n'avez jamais ouvert le livre de Thomas Carreras, vous ne pouvez pas vous rendre compte à quel point ces piafs peuvent être diaboliques, sournois et meurtriers, et ce, quand tout le monde a le dos tourné, évidemment ! Oh non, j'espère qu'ils ne m'ont pas entendue ! Ils seraient capables de me le faire payer... Ils sont partout... ils m'observent...

     

       Par le bec d'un anatidé, ILS ME SUIVENT !

     

       Imaginez que vous venez de l'autre bout de la Terre pour assister à un minuscule festival de musique dans un bled pourri en Angleterre. Vous atterrissez dans un petit pub juste à côté du lieu du festival, vous obligez le patron à vous donner un job pour payer votre place, vous écoutez les histoires pleines de superstition des habitants, notamment des histoires à propos de canards... et vous commencez à remarquer que ces rôtis sur pattes ont un regard des plus mauvais, surtout celui-là, là-bas, au fond, avec la cicatrice qui va du haut du crâne jusqu'au bec, qui vous fixe d'une façon des plus inquiétantes... c'est l'expérience que va vivre Ginger, jeune américaine venue de Paradise City (et là je viens de vous mettre la chanson des Guns n'Roses dans la tête) et qui a tout donné pour voir son groupe préféré en concert. Ginger va complètement perdre la boule à cause de centaines de canards qui la poursuivent et veulent sa mort.

     

      Parce que, oui, je vous l'ai pas dit, mais ce roman est littéralement UN SLASHER AVEC DES CANARDS !

       Thomas Carreras, avec ce roman, rend hommage aux slashers américains, de type Vendredi 13 ou Halloween, dans lesquels les protagonistes sont poursuivis par une entité maléfique qui va les tuer d'une manière bien gore les uns après les autres, et ce, avec tous les tropes de ce genre de films : le personnage principal qui alerte tout le monde mais n'est cru par personne ; le grand méchant de l'histoire, ici le Désosseur, qui a un background des plus tragiques ; un environnement gothique, ici un bled paumé et grisâtre d'Angleterre, par une nuit d'orage. Et d'un autre côté, l'auteur mêle à cette atmosphère glauque une touche d'humour dans une satire bienveillante de l'anatidaephobie, une phobie des plus singulières puisqu'il s'agit de la peur panique à l'idée d'être observé par des canards.

     

     Et, nom d'un canard, qu'est-ce que le mélange est bon !  L'auteur arrive à retranscrire l'atmosphère d'un slasher grâce à un style d'écriture très cinématographique, en faisant des focus sur certains éléments du décors  et des personnages, des effets de travelling sur les paysages, des zooms soudains, et le texte est travaillé comme si le personnage qui parle portait une caméra subjective à l'épaule. Cela instaure un effet dynamique à la lecture et la rend très fluide. Le début du roman est particulièrement hilarant grâce à un comique de situation très bien maîtrisé, mais au fur et à mesure de la lecture, l'atmosphère s'assombrit de plus en plus, en gardant tout de même son essence complètement loufoque.

      Thomas Carreras offre également des personnages bien construits, légèrement clichés certes, mais dans le contexte du roman, ce n'est pas dérangeant, c'est même une qualité puisque son intention est de mettre en lumière les différents tropes d'un bon slasher. De plus, et c'est ce que j'ai bien aimé, les personnages élaborent chacun de leurs plans pour s'en sortir en fonction des films et séries d'horreur et de zombies qu'ils ont pu voir : Shaun of the Dead, The Walking Dead, The Night of the Living Dead... ce qui crée un for t capital sympathie entre le lecteur et les personnages puisqu'on partage une certaine connivence avec eux, et cela renforce l'hommage aux films d'horreur que ce roman veut rendre.

     

       Si vous aimez les films d'horreur, si vous aimez l'absurde, alors 100 000 canards par un doux soir d'orage est un livre qui vous plaira très certainement, pour toutes les raisons que j'ai mentionné précédemment. C'est loufoque, et en même temps parfois un peu effrayant, c'est très intelligent et vraiment bien écrit ! J'avais l'impression d'être au cinéma, les yeux rivés sur mon livre. Il ne vous reste plus qu'à voler vers votre librairie pour acquérir cette perle, mais attention à ne pas y laisser des plumes !


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